PASSER À L'ÉLECTRIQUE – MON EXPÉRIENCE
écrit par Tobin Seagel, membre de l'Alliance Athlète et Scientifique de POW Canada
J'ai récemment acheté un camion électrique pour remplacer mon vieux camion gourmand en carburant, qui était en fin de vie. J’ai toujours eu une relation d’amour-haine avec mon ancien camion à essence : j’adorais ce qu’il me permettait de faire (aller plus loin dans le "backcountry", transporter du bois, trimballer mes vélos), mais je détestais voir l’aiguille d’essence chuter à vue d’œil, même pour une simple course à l’épicerie. Et à chaque démarrage, je ressentais une pointe de culpabilité en voyant les petits nuages blancs se former au tuyau d’échappement.
Cela dit, posséder ce camion me semblait être un mal nécessaire pour soutenir mon mode de vie. Est-ce que mon mode de vie est carboneutre ? Pas du tout, et je ne veux surtout pas avoir l’air moralisateur. J’essaie de viser le progrès, pas la perfection. Quand j’ai regardé de plus près mon empreinte carbone, le transport était clairement en tête de liste parmi les choses sur lesquelles je pouvais agir. Utiliser l’électricité du réseau en Colombie-Britannique — qui est alimenté à plus de 95 % par des sources renouvelables — m’a semblé être un bon point de départ.[1] [2]
Les avis divergent quant à savoir si les véhicules électriques (VE) sont réellement plus respectueux de l'environnement que les moteurs à combustion interne (MCI). Pourtant, ils existent depuis près de deux décennies et une étude britannique, qui a suivi leur évolution depuis leur apparition, suggère que leurs avantages l'emportent sur leurs inconvénients lorsqu'ils sont rechargés sur un réseau alimenté principalement par des énergies renouvelables.[3] Des études publiées dans la revue « Nature Energy » montrent que les VE (véhicules électriques) auront une durée de vie de 18.4 ans, comparée à 18.7 ans pour les VÉI (véhicules à moteur à combustion interne), mais avec une meilleure fiabilité. C’est génial ! À part l'impact de la fabrication de la batterie, l'une de mes plus grandes inquiétudes lors de l'achat de ce VE était que la batterie s’use avant la fin de vie du véhicule, ce qui me coûterait plus cher et représenterait également un fardeau environnemental. Mais apparemment, ce n’est pas le cas.
Dans une interview, Robert Elliott, professeur d'économie à l'Université de Birmingham et l'un des auteurs de l'étude, a déclaré :
Les véhicules électriques à batterie offrent des avantages environnementaux considérables, en particulier à mesure que l'Europe adopte un mix énergétique plus renouvelable. Malgré des émissions initiales plus élevées lors de la production, un véhicule électrique durable peut rapidement compenser son empreinte carbone, contribuant ainsi à la lutte contre les changements climatiques – en faisant d'eux une option plus durable à long terme. [4]
J'ai acheté ce camion pour environ le même prix qu'un camion à essence neuf, et pour l'instant, il est bien moins cher à l'usage. Au lieu de 140 $ pour faire le plein, je paie environ 15 $ pour le recharger à la maison. L'autonomie est certes affectée par le froid, mais même à -10 °C, je peux faire l'aller-retour entre Vancouver et Whistler, ce qui me convient parfaitement. J'espère que ça s'améliorera l'été prochain, lorsque je l'emmènerai pour de plus longs séjours en camping avec ma famille.
Les camions électriques sont un peu plus gros que les véhicules électriques dans l'étude mentionnée, donc je ne suis pas sûr de savoir si j'ai pris la meilleure décision avant une dizaine d'années. Mais pour l’instant, ça fait du bien d’essayer de réduire mon empreinte et de m’orienter vers un avenir à plus faible empreinte carbone.
Ce genre d'actions individuelles comptent, mais elles ne sont pas les seules solutions.
Passer à un véhicule électrique n'est qu'une pièce du puzzle, et qui n'est malheureusement pas accessible à tous. Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’un système qui rende les choix à faibles émissions de pollution plus faciles, moins chers et accessibles à tous. Cela signifie un investissement gouvernemental dans l’énergie propre, un meilleur transport public, des politiques qui soutiennent l’électrification et la diversification du réseau énergétique. La seule façon d’accroître l’expertise dans le domaine de l’énergie propre et de faire baisser les coûts, c’est de faire en sorte que plus de gens s’y lancent, grâce aux politiques. Et plus les gens montrent qu’il y a une demande pour des solutions plus propres, plus il devient facile de pousser pour un changement.
Si vous vous demandez par où commencer pour réduire votre empreinte carbone, sachez que vous n'êtes pas seul. Chaque petit geste compte ; que vous choisissiez de vous rendre au travail à vélo un jour par semaine, de prendre le bus un peu plus souvent ou de passer d'un véhicule à carburant à un véhicule électrique, vous faites une différence. Mais quelque chose que tout le monde peut faire, c’est de continuer à pousser pour ce genre de changement systémique qui transforme ces choix en réflexes naturels, plutôt qu’en sacrifices.
Références:
BC Hydro : https://www.bchydro.com/toolbar/about/accountability_reports/financial_reports/annual_reports.html
Gouvernement de la Colombie-Britannique : Rapport « Powering Our Future » 2024 https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/farming-natural-resources-and-industry/electricity-alternative-energy/community-energy-solutions/powering_our_future_-_bcs_clean_energy_strategy_2024.pdf
https://www.nature.com/articles/s41560-024-01698-1
Photos : Tobin Seagel et Reuben Krabbe